“Ce n’est pas gagner un débat que l’on veut, c’est gagner, tout court”
“Il existe une différence entre un charlatan et un membre de la société véritablement compétent, mettons, entre un politologue qui raconte des macro-c… et un plombier, ou entre un journaliste et un homme qui s’est fait grâce à la Mafia. L’homme d’action gagne en faisant, non en convainquant. Des secteurs entiers (l’économie par exemple, et d’autres sciences sociales) deviennent eux-mêmes du charlatanisme à cause de l’absence de skin in the game qui pourrait les reconnecter à la terre (alors que leurs protagonistes débattent de la “science”). Ils vont mettre au point des rituels, des titres, des formalités et des protocoles sophistiqués pour dissimuler cette carence.”
Nassim Nicholas Taleb. Jouer sa Peau.
Prologue.
Taleb souligne ici la différence fondamentale entre la compétence réelle et … les apparences.
- Gagner un débat ≠ produire un résultat réel : Beaucoup valorisent la capacité à persuader, mais cela ne prouve rien sur l’efficacité. La véritable compétence se mesure par ce qu’on produit et assume, pas par ce qu’on peut convaincre ou argumenter.
- L’homme d’action vs le charlatan : Le plombier ou quelqu’un qui agit dans le monde réel a des conséquences directes liées à ses actes (“skin in the game”), contrairement à ceux qui parlent de manière abstraite ou théorique sans subir de pertes réelles. Pour l’homme d’action, l’enjeu est le résultat (réparer la fuite). Pour le charlatan, l’enjeu est de remporter une joute verbale ou académique, qui peut et est malheureusement souvent déconnectée de la réalité.
- Le problème des sciences sociales et de l’économie est son absence de lien direct avec les conséquences de leurs conseils.
Cette critique porte sur les systèmes où l’apparence intellectuelle remplace la responsabilité concrète, et où le vernis scientifique sert à masquer l’absence d’expérience réelle. Elle remet gagner au centre, à savoir créer, bâtir, construire.

